Seul périodique européen consacré à l’histoire de la destruction des Juifs d’Europe, et première revue d’histoire sur le sujet, cette publication est essentielle pour tout étudiant ou chercheur travaillant sur cette césure de l’histoire. Elle entend donner un aperçu des chantiers actuels de l’historiographie du judéocide.
La Revue d’histoire de la Shoah ouvre également son champ d’étude aux autres tragédies du siècle : le génocide des Tutsi au Rwanda, celui des Arméniens de l’Empire ottoman et le massacre des Tsiganes.
La RHS est accessible en ligne gratuitement sur Cairn.info pour les numéros parus entre 2005 et 2016
EN SAVOIR PLUS APPEL A CONTRIBUTION POUR LE N°223
(Revue d’histoire de la Shoah, n°218, éd Mémorial de la Shoah, octobre 2023)
Sous la direction de Nina Valbousquet
À l’heure où s’ouvre un grand chantier archivistique avec les archives du Vatican pour le pontificat de Pie XII (1939-1958), la Revue d’Histoire de la Shoah entend faire un bilan historiographique et explorer de nouvelles pistes de recherche autour de la question controversée de l’attitude du Vatican et de l’Église face à la Shoah.
Le 4 mars 2019, le pape François annonce la déclassification des archives du Vatican relatives au pontificat de Pie XII en affirmant sa « confiance » dans la « recherche historique sérieuse et objective ». Un an plus tard, le 2 mars 2020, le Vatican rend effectivement accessible au public scientifique ces documents inédits : une ouverture historique en raison de l’ampleur des fonds documentaires et du caractère exceptionnel de la démarche archivistique, mais aussi parce qu’il s’agit d’un pontificat discuté et d’une période de grands changements politiques et religieux, du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale aux prémices du concile Vatican II.
De « vieilles polémiques » (au sujet de l’attitude du Vatican face à la persécution des Juifs et face au nazisme) ont immédiatement été ravivées. Ces débats mémoriels et cette histoire polarisée, entre condamnation et apologie, remontent en partie aux controverses des années 1960 autour de la pièce de théâtre allemande de Rolf Hochhuth Le Vicaire (1963), accusant Pie XII de complicité silencieuse face au génocide des Juifs.
Ce vaste sujet a souvent été abordé d’un point de vue théologique et moral. Mais le présent dossier prend aussi en compte les enjeux politiques, diplomatiques, internationaux et humanitaires en interrogeant la capacité de réaction et d’action d’une institution à la fois spirituelle et temporelle ainsi que ses limites face à la violence extrême et au génocide.
À la question des silences du pape s’ajoute celle des « dilemmes » de la hiérarchie ecclésiastique dans un contexte de crise : dilemmes politiques, diplomatiques, humanitaires et théologiques, entre charité et neutralité. La complexité de ces choix et des motivations qui les sous-tendent se dessine désormais plus clairement, croisée avec d’autres thèmes tels que l’assistance humanitaire, la crise des réfugiés avant, pendant et après la guerre, les relations avec les fascismes et la démocratie, l’anticommunisme, la protection des anciens nazis et fascistes dans l’après-guerre, la position du Vatican face à la justice des Alliés et la mémoire immédiate de la Shoah dans la conscience chrétienne.
En effet, alors que les polémiques se focalisent sur la personnalité de Pie XII, les nouvelles archives et leur croisement avec d’autres fonds documentaires permettent au contraire de saisir la diversité du monde catholique et « la complexité sociologique des Églises ».
Si la question du Vatican constitue le fil rouge de ce dossier, les articles abordent des thèmes plus larges et font un état de la réflexion historiographique et de la recherche à travers des enquêtes de terrain et des études de cas.
(Revue d’histoire de la Shoah, n°217, éd Mémorial de la Shoah, Mars 2023)
Sous la direction de Ilsen About
Durant la Seconde Guerre mondiale, Roms et Sinti furent la cible de persécutions multiples et de violences génocidaires dont la chronologie et l’intensité varient selon les territoires de l’Europe. Ces persécutions ont aussi concerné des Manouches et des Gitans, ainsi que des groupes associés par l’histoire aux mesures antitsiganes et désignés par leur profession ou leur mode de vie supposé, comme les Yéniches, les vanniers, forains, circassiens et voyageurs.
L’occultation souvent délibérée et la reconnaissance tardive de ces persécutions contribuèrent à la marginalisation de faits qui entraînèrent l’élimination physique de plus de 200 000 personnes à l’échelle de l’Europe et la dislocation irréversible des société romani d’avant-guerre. Même si de nombreuses zones d’ombres demeurent, les différents chapitres de cette histoire apparaissent désormais très clairement.
Ce numéro de la Revue d’histoire de la Shoah porte sur plusieurs pays de l’ouest de l’Europe. Là, le caractère composite des outils répressifs traduit une grande pluralité de dispositifs suivant l’application variable des mesures antitsiganes : assignations à résidence, détentions, internements, concentrations, exécutions ciblées ou aléatoires, déportations vers les centres de mise à mort ou le réseau concentrationnaire. La diversité des logiques à l’œuvre, les modalités distinctes des violences et leurs effets sur les collectifs visés sont ici éclairés. L’écriture de cette histoire multiple, à travers l’exploration de nouvelles archives, l’étude de destins individuels et collectifs, ainsi que la mémoire des faits sont au coeur de ces études, et d’une recherche toujours en cours.
(Revue d’histoire de la Shoah, n°216, éd. Mémorial de la Shoah, octobre 2022)
Intitulé « Nouvelles recherches sur la Shoah en Pologne », ce dossier rassemble des contributions portant sur des approches novatrices, aussi bien de termes de sources nouvelles mobilisées que d’approches. Les sources et récits des victimes et rescapés juifs sont mobilisés dans leur croisement avec les documents officiels et clandestins de l’époque. Les écrits pionniers des historiens survivants de la Shoah, à l’instar de Nachman Blumental, directeur de l’Institut d’histoire juive de Varsovie jusqu’en 1949, sont redécouverts et appréciés pour leur clairvoyance précoce.
L’approche micro-historique met en valeur la diversité locale des situations, tout en révélant des mécanismes comparables dans la persécution et la (faible) survie des Juifs dans les villes les plus connues (Varsovie, Lodz) ou plus modestes (Tarnow). La prise en compte de la matérialité – celles des corps après les gazages dans les centres de mise à mort comme Belzec ou Sobibor, mais aussi celle des déchets accumulés dans les ghettos – offre des clefs supplémentaires d’intelligence du quotidien de ces hommes, femmes et enfants traqués, enfermés ou cachés, et le plus souvent anéantis dans d’immenses souffrances.
Enfin, l’histoire de l’extermination des Juifs de Pologne gagne à être replacée dans le temps long, permettant de voir non seulement les dynamiques d’exclusion rhétoriques et effectives à l’œuvre dans la Pologne de l’entre-deux-guerres mais aussi la très longue ombre portée de la Shoah bine après la guerre et jusqu’à aujourd’hui. Ce numéro est d’autant plus essentiel à l’heure où s’épanouissent en Europe des discours de distorsions sur l’histoire de la Seconde Guerre mondiale et sur la Shoah, visant à remettre en cause des acquis irréfutables et consensuels de la science historique au profit d’une narration plus confortable pour les sociétés, mais malhonnête et pouvant même légitimer des actions politiques les plus violentes.
(Revue d’histoire de la Shoah, n°215, éd. Mémorial de la Shoah, mars 2022)
Sous la direction de Jean-Marc Dreyfus et de Judith Lyon-Caen
Qu’est-il advenu des cimetières juifs, certains récents, d’autres immémoriaux, dans la persécution et la Shoah ? Paysages péri-urbains ou ruraux singuliers, ils ont, comme toutes les institutions juives, été bouleversés en Allemagne dès 1933 puis tout au long de la guerre. Suicides et déportations s’y lisent. Parfois, ils ont disparu et été désacralisés, tandis que les corps ont été transférés dans des fosses communes. Pourtant, la plus grande partie des cimetières juifs d’Allemagne et d’Europe n’ont pas été détruits par les nazis.
Pendant la guerre, le cimetière juif fut un espace de passage, de transit au cœur de la ville hostile (comme le cimetière juif de Varsovie, adjacent au ghetto) ; il servit à rassembler les Juifs et à leur donner refuge, lorsque tous les autres lieux leur étaient interdits ; il fut le dépôt ultime des corps des victimes (juives ou non) auxquels était refusé tout traitement funéraire humain, entraînant l’ouverture de fosses communes ; il offrit aussi un cadre aux exécutions.
Après la Shoah, les cimetières abandonnés, privés de leurs morts « naturels », sont demeurés les lieux témoins de la catastrophe juive, en dépit des mouvements de réenterrement – les parents survivants recherchant les corps des disparus pour les rendre au cimetière juif. À l’absence des tombes répond la construction de milliers de mémoriaux dans les cimetières mêmes, dédiés à ceux qui sont morts dans les camps, dans la clandestinité.
Lieu du recueillement, lieu pour penser à la mort des disparus de la Shoah, le cimetière juif est aussi le lieu des traces d’années de persécution, celles gravées sur les pierres tombales des morts prématurées, celles que forment les espaces vides, en attente de morts jamais venus…
(Revue d’histoire de la Shoah, n°214, ed. Mémorial de la Shoah, octobre 2021)
Sous la direction d’Audrey Kichelewski et Vanessa Voisin
Ce nouveau numéro de la Revue d’histoire de la Shoah se penche sur la question du sort des criminels de guerre, qui a fait l’objet d’intenses controverses entre Alliés dès 1942. Hautement politique dès ses débuts, le débat a néanmoins conduit à introduire des innovations dans le droit international, adaptées par la plupart des États dans leur droit pénal.
L’objet du présent dossier est de présenter les recherches les plus récentes menées sur les procès des criminels de guerre en Europe centrale et en Union soviétique. Moins connus et souvent taxés d’instrumentalisation politique, ces procès pour crimes de guerre ont pourtant contribué à façonner les représentations de la Seconde Guerre mondiale et de la Shoah. Leurs modalités et leur impact font donc sens : ont-ils pris en considération, délibérément ou incidemment, la description du sort des Juifs et la singularité de la Shoah ? Leurs dimensions socioculturelle, symbolique, mémorielle et transnationale sont ici analysées au regard des circulations entre Est et Ouest comme au sein du bloc de l’Est, mais également au regard des pratiques et des imaginaires de la justice.
Ces crimes qui dépassent les logiques frontalières et les catégories pénales classiques, voire le contexte même de guerre froide, invitent par ailleurs à penser ces procès, les polémiques qu’ils ont soulevées et les appareils judiciaires européens dans leur fonctionnement envers les criminels de guerre au-delà des cadres et des enjeux strictement nationaux.
Sous la direction de Jean-Marc Dreyfus
La spoliation des instruments de musique dans la Shoah : premières recherches
Sous la direction de Claire Andrieu et Jean-Marc Dreyfus
(Revue d’histoire de la Shoah, n°213, ed. Mémorial de la Shoah, mars 2020)
La Shoah en URSS.
Jusqu’à 1,3 million de citoyens soviétiques juifs ont été assassinés au cours de la guerre. L’historiographie récente a permis des avancées considérables, décrivant la grande diversité des méthodes de mise à mort, des massacres dans des fosses aux camions à gaz. À la vision d’un génocide organisé et méthodique mené par des Einsatzgruppen succède celle d’une multitude de massacres perpétrés par des unités de police et forces militaires secondées par des supplétifs ukrainiens ou baltes. Cette nouvelle vision se renforce par la perception d’une temporalité et d’une spatialité beaucoup plus étendues : les tueries se sont déroulées sur des mois, voire des années, et sur un territoire immense qui n’a pas fini de livrer ses charniers.
Spoliation et restitution des instruments de musique.
Les organisations nazies en charge du pillage ont apporté une attention spécifique aux instruments de musique, tant anciens et prestigieux que familiers et banals. Car la musique classique, et particulièrement la musique allemande, était au cœur de la mise en scène du régime nazi. Au sein du grand organisme de pillage des biens culturels, un « kommando musique » avait été créé, qui rassembla les instruments les plus précieux, mais aussi les partitions anciennes et les traités de musicologie, pour beaucoup fort rares. Des centaines de milliers d’instruments de musique, volés dans toute l’Europe, ont été distribués à la population allemande, aux musées du Reich. Chargés d’une dimension affective forte, ces instruments ont été peu restitués après la Shoah. Ce dossier sur la spoliation des instruments de musique est le tout premier sur ce sujet et pose des jalons précieux pour des recherches futures.
(Revue d’histoire de la Shoah, n°212, ed. Mémorial de la Shoah, octobre 2020)
sous la direction de Laurent Joly (CNRS)
Pour son deuxième numéro émanant du nouveau comité de rédaction dirigé par Audrey Kichelewski et Jean-Marc Dreyfus, RHS – Revue d’histoire de la Shoah, plus ancienne revue scientifique sur le sujet, témoigne de la vitalité et de la richesse de la recherche internationale sur la Shoah.
En 1945, face à l’épuration, les dirigeants de Vichy, Pétain et Laval les premiers, avaient ainsi justifié leur politique contre les Juifs : Vichy a évité aux Juifs de France le sort des Juifs de Pologne ; sa politique était guidée par le désir de protéger les Juifs français, quitte à sacrifier les Juifs étrangers pour donner le change ; et c’est grâce à cette politique que la majorité des Juifs ont survécu en France…
(Revue d’histoire de la Shoah, n°211, ed. Mémorial de la Shoah, mars 2020)
Ce 211ème numéro est consacré à tous les écrits publiés entre 1946 et le milieu des années 1980. Dans les quatre décennies d’après-guerre, les éditeurs du Monde Juif mobilisèrent leurs réseaux nationaux et internationaux pour publier un large éventail d’écrits personnels. Ces récits à la première personne évoquaient des aspects peux documentés de la persécution ou de l’extermination des Juifs, bien au-delà de la France. Parfois ils venaient à l’appui de dossiers historiques ; ou bien ils accompagnaient les grands événements commémoratifs. Paraissent aussi dans la revue des extraits de livres publiés à l’étranger : ainsi le lecteur croise-t-il Jan Karski, Primo Levi ou Leib Rochman. Mais très divers par leur style et leurs auteurs, ces récits personnels sont aussi souvent l’une des seules traces que nous conservons de ces témoins, auquel ce numéro rend hommage en donnant à lire leurs écrits.
(Revue d’histoire de la Shoah, n°208, ed. Mémorial de la Shoah, mars 2018)
L’objet de ce numéro est l’analyse des multiples sources dont Hitler s’est servi pour rédiger Mein Kampf, dont le premier volume est paru en 1925. D’où viennent ses idées principales ? Quelles furent les étapes marquantes de sa formation idéologique ? Quels textes Hitler a-t-il lus à vienne avant 1913 et à Munich après 1919 ? Quels auteurs, en particulier, ont manifestement nourri sa pensée ? Quelles sont, parmi eux, les sources d’inspiration majeures, surestimées ou secondaires ? Si l’on sait bien aujourd’hui que Mein Kampf ne constitue en rien une oeuvre originale et que ce texte amalgame, souvent de façon confuse, nombre d’idées répandues à l’époque, encore faut-il répertorier ces influences. Leur dénominateur commun est l’antisémitisme.
(Revue d’histoire de la Shoah, n°207, éd. Mémorial de la Shoah, octobre 2017)
Ce numéro se propose d’offrir un tableau de l’apport des philosophes aux réflexions sur la Shoah, dont il s’efforce de présenter diverses faces. Quoique la majorité des philosophes convoqués fut contemporaine du IIIe Reich et du nazisme, un abîme souvent les sépare. Il y a ceux qui, de près ou de loin, furent victimes (Jean Améry, Hannah Arendt), ceux qui n’ont « rien vu » (Paul Ricoeur), ceux qui ont acclamé le Reich et la « destruction des Juifs d’Europe » (Heidegger), contribuant à faire sombrer la philosophie avec eux.
(Revue d’histoire de la Shoah, n° 206, éd. Mémorial de la Shoah, mars 2017)
En dépit des lois raciales de 1938 et de sa collaboration avec le Reich, l’Italie fasciste ne participa pas directement à la déportation des Juifs de la péninsule avant septembre 1943. Nombre de Juifs italiens furent protégés et, comparativement à la Yougoslavie voisine, le bilan de la Shoah en Italie y fut parmi les moins meurtriers d’Europe. Aujourd’hui, la mémoire du génocide occupe une place importante : publications, colloques, centres d’histoire se multiplient. Les visiteurs italiens à Auschwitz y constituent numériquement le troisième groupe en importance. Ce second numéro de notre diptyque interroge les méandres d’une mémoire du génocide devenue question d’histoire.
(N°205, octobre 2016)
En partenariat avec l’Institut Ben Zvi, Jérusalem, Israël
Les communautés juives dispersées du Maroc à l’Irak, de l’Égypte au Yémen, sont bien informées des vicissitudes d’un judaïsme européen qui est alors, de loin, majoritaire. Dès l’avènement des nazis au pouvoir, elles organisent avec plus ou moins de succès le boycott des produits allemands, au risque de se couper des autorités locales comme des mouvements nationalistes arabes. Mais cette solidarité éprouve rapidement ses limites, a fortiori quand la guerre se déclenche en Europe. Pour les communautés juives du monde arabe, le nazisme et la guerre constituent un tournant majeur. En 1945, leur avenir sur leur terre natale semble moins assuré que jamais.
En savoir plus : rhs@memorialdelashoah.org